DOSSIER TENDANCES ALIMENTAIRES : De forts vents soufflent dans toutes les directions !
PAR ISABELLE MARQUIS
Consultante spécialisée en communication et marketing alimentaire • Ambassadrice innovation pour le SIAL Canada
Isabelle Marquis est une des rares spécialistes à posséder une expertise multidisciplinaire en nutrition, en marketing alimentaire, en communication et en innovation. Nutritionniste de formation et passionnée des aliments sous toutes leurs coutures, Mme Marquis cumule plus de 20 ans d’expérience de travail avec l’industrie agroalimentaire, en agence-conseil et en entreprise de transformation. Aujourd’hui à son compte, elle accompagne des entreprises de tous les secteurs agroalimentaires en stratégie, innovation et communication. Elle est aussi collaboratrice à l’émission L’épicerie sur ICI Radio-Canada Télé.
L’automne dernier, un demi-million de gens marchaient dans les rues de Montréal pour unir leur voix à celle du monde entier sur le sujet de la crise climatique. Une première qui a beaucoup fait jaser ! Et depuis, qu’est-ce qui a changé ? À la fois plusieurs choses et pas grand-chose. Pour les entreprises déjà engagées, leur motivation à continuer est renforcée et le souci du développement durable devient un nouvel argument de vente aux côtés de la santé. Les consommateurs y sont réceptifs, mais pas à n’importe quel prix ni au détriment de ce qu’ils recherchent en priorité : de la praticité. Et sur le plan individuel, les intentions sont là et un effet d’entraînement se crée lentement mais sûrement.
Sans surprise, les tendances alimentaires actuelles sont un amalgame de praticité, santé, plaisir et développement durable. Ce qui est intéressant d’observer, ce sont les oppositions et contradictions entre ces tendances. Le plus grand défi en innovation ne semble plus être d’anticiper le prochain ingrédient à la mode, mais plutôt d’identifier dans quelle direction s’en va notre client !
Voici quelques exemples de courants qui s’opposent et apportent de nouveaux défis et opportunités.
NATURALITÉ, SIMPLICITÉ ET RETOUR AUX SOURCES VS. ALIMENTS « TECHNOLOGIQUES »
Depuis déjà plusieurs années, les consommateurs recherchent et demandent des aliments plus naturels et sains. Exit les additifs chimiques et autres ingrédients qu’on ne saurait prononcer et qui ne s’achètent pas à l’épicerie. Cette tendance englobe aussi l’engouement contagieux pour les jardins urbains, les visites aux marchés publics et l’achat de paniers bio, de même que le retour de l’offre en vrac. En bref, on veut simplifier notre alimentation et reconnecter avec notre nourriture. Et l’actuelle prise de conscience des liens entre les enjeux climatiques et nos habitudes alimentaires ne fait qu’ajouter un argument de plus pour convaincre de passer à l’action.
En parallèle, le développement de nouvelles technologies n’a jamais cessé de progresser, si bien qu’on nous offre toujours plus d’aliments fonctionnels aux multiples bienfaits. La crise climatique sert évidemment de tremplin extraordinaire aux produits analogues de viande et de produits laitiers : des produits qui aideront peut-être à sauver notre planète, mais qui ne sont pas tous aussi naturels qu’on le croit… Toutes ces innovations technologiques ont un point en commun : elles misent sur un marketing efficace qui touche à plusieurs cordes sensibles des consommateurs.
Remarquez que derrière ces tendances en apparence très différentes se cachent des besoins similaires : prendre soin de sa santé et protéger/respecter l’environnement. Or, les motivations profondes, elles, sont très différentes : d’un côté on souhaite reprendre le contrôle et revenir à l’essentiel, de l’autre on recherche des raccourcis vers les bienfaits promis.
*** Selon une étude américaine réalisée en décembre dernier, la motivation première des gens pour acheter des produits végétaux analogues de viande serait simplement la curiosité !
MOINS CUISINER VS EXPÉRIMENTER ET DÉCOUVRIR
Depuis déjà plusieurs années, les consommateurs recherchent et demandent des aliments plus naturels et sains. Exit les additifs chimiques et autres ingrédients qu’on ne saurait prononcer et qui ne s’achètent pas à l’épicerie. Cette tendance englobe aussi l’engouement contagieux pour les jardins urbains, les visites aux marchés publics et l’achat de paniers bio, de même que le retour de l’offre en vrac. En bref, on veut simplifier notre alimentation et reconnecter avec notre nourriture. Et l’actuelle prise de conscience des liens entre les enjeux climatiques et nos habitudes alimentaires ne fait qu’ajouter un argument de plus pour convaincre de passer à l’action.
En parallèle, le développement de nouvelles technologies n’a jamais cessé de progresser, si bien qu’on nous offre toujours plus d’aliments fonctionnels aux multiples bienfaits. La crise climatique sert évidemment de tremplin extraordinaire aux produits analogues de viande et de produits laitiers : des produits qui aideront peut-être à sauver notre planète, mais qui ne sont pas tous aussi naturels qu’on le croit… Toutes ces innovations technologiques ont un point en commun : elles misent sur un marketing efficace qui touche à plusieurs cordes sensibles des consommateurs.
Remarquez que derrière ces tendances en apparence très différentes se cachent des besoins similaires : prendre soin de sa santé et protéger/respecter l’environnement. Or, les motivations profondes, elles, sont très différentes : d’un côté on souhaite reprendre le contrôle et revenir à l’essentiel, de l’autre on recherche des raccourcis vers les bienfaits promis.
*** Selon une étude américaine réalisée en décembre dernier, la motivation première des gens pour acheter des produits végétaux analogues de viande serait simplement la curiosité !
SUREXPLOITATION VS REVALORISATION DES RESSOURCES
C’est un fait, l’agriculture et l’élevage intensifs surexploitent la nature à une vitesse qui dépasse sa capacité à s’adapter et se renouveler. Les consommateurs le savent, mais ne connaissent que la pointe de l’iceberg, si bien qu’ils renvoient la responsabilité vers l’industrie tout en continuant d’exiger d’elle variété, fraîcheur et aliments plus que parfaits. Il y a beaucoup de travail d’éducation à faire pour changer les mentalités.
Une des solutions concrètes et accessibles à tous est bien résumée dans cette citation du chef brésilien Alex Atala : « Savoir utiliser la totalité de l’aliment fait aussi partie de l’apprentissage quand on pense à la cuisine du futur. » Comment rendre une partie moins noble ou un aliment difforme attirants ? Nous avons besoin des chefs pour y arriver ! Idem pour les insectes et pour tout ce qu’on a appris à dédaigner.
En somme, qu’elles soient en opposition ou non, ce qu’il faut surtout retenir des tendances actuelles est ceci :
– Le besoin de praticité personnalisée est indéniable et il tend à devancer les autres attentes des consommateurs (prix, santé et environnement) du fait qu’il réponde à un besoin immédiat.
– Les enjeux de santé et de développement durable se croisent et créent de l’anxiété. Les gens ont plus que jamais besoin d’être rassurés.
– À la fois curieux et critiques, les gens passent de plus en plus par l’alimentation pour affirmer leurs valeurs et non plus juste leurs goûts. De ce fait, ils cherchent via les médias sociaux à s’associer à leurs « semblables » (individus et entreprises).
Authenticité, collaboration, créativité et engagements concrets sont les mots-clés de la nouvelle décennie pour innover avec succès !
Au moment d’écrire cet article, on ne parlait pas de virus… La crise actuelle ne va pas tout changer, mais elle va assurément laisser sa marque. La restauration subit déjà une pression énorme, soit pour survivre au-delà du confinement imposé, soit pour transformer illico presto ses opérations et se mettre en mode « take out » et livraison. On l’observe aujourd’hui comme on l’observait en temps de guerre : les aliments ont le don unique de réconforter et d’unir les gens, même à distance. Capitalisons sur ce don pour aider tout un chacun à passer au travers ! Et bon courage à tous les restaurateurs.